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LE PAPE ET L'ISLAM:
LE CHOC DES SÉCULARISMES
« Et la lumière luit dans les ténèbres, et
les ténèbres ne l'ont point saisie»
(Jn. 1, 5)
Lorsqu'un
empereur Chrétien Orthodoxe de Constantinople, au 14ème
siècle, qui avait perdu la plus grande partie de son territoire
et de ses sujets dans les dévastations menées par les envahisseurs
Musulmans, ne voit rien de bon en Mohamed, on peut comprendre son point-
de-vue. Cependant, lorsqu'un pape du 21ème siècle le cite,
nous pouvons comprendre que les Musulmans protestent contre la citation
qu'il a prononcée dans le contexte contemporain.
Le contexte
contemporain, c'est que les pays musulmans ont été envahis
par des forces Occidentales. En général, les Musulmans ne
sont plus les agresseurs, mais les agressés, et ils se comportent
comme les victimes outragées dans le monde entier le font toujours,
avec des représailles brutales. Bombardés à Gaza
et au Liban où ils ont vécu dans des camps de réfugiés
depuis près de 60 ans, occupés en Irak et en Afghanistan,
insultés par l'ancien dirigeant Italien qui appelait l'invasion
occidentale de ces pays une «Croisade», les Musulmans ont
le droit de se sentir mécontents. Cependant, les Musulmans qui
brûlent une effigie du pape Benoît XVI et menacent de mort
[et destruction] églises et prêtres dans leurs pays nous
rappellent les fanatiques Musulmans qui ont protesté à Londres
au début de cette année, avec le slogan : «Mort à
ceux qui disent que l'Islam est violent».
Il est en
effet extraordinaire qu'un pape de Rome, supposé infaillible, commette
une telle gaffe. (Bien sûr, on nous répondra que ses réflexions
ont été faites «ex-cathedra» – son infaillibilité
a une clause échappatoire). Le Catholicisme-Romain institutionnel
a une longue histoire de violence. En fait, il a été marqué
par la violence dès son début, au 11ème siècle.
Que ça soit en Sicile, dans les Îles Britanniques, dans la
Péninsule Ibérique, en Terre Sainte, Chypre, Europe centrale
et orientale, ou dans le sud-ouest de la France, les Croisades n'étaient
jamais que de simples Djihads Catholiques-Romains, tuant probablement
plus de Chrétiens Orthodoxes et de Juifs que les Musulmans ne l'auront
fait, et ruinant assurément des relations autrement relativement
cordiales entre les colons Musulmans en Terre Sainte et les résidents
Chrétiens Orthodoxes natifs des lieux.
L'on pourrait
aussi mentionner l'Inquisition («Tuez les tous, Dieu reconnaîtra
les siens») [*], les «Guerres de Religion» du 16ème
siècle, l'oppression des Orthodoxes par l'impérialiste Pologne
au 17ème siècle et l'arnaque spirituelle de l'Uniatisme
qui s'en est suivit, ou les massacres d'Orthodoxes au 20ème siècle
en Bosnie et Croatie (dont les responsables du génocide ont reçu
refuge au Vatican en 1945 et ensuite été tranquillement
transférés dans la Catholique Argentine et la Fasciste Espagne,
où ils sont morts de vieillesse). Le fait que Paul Touvier, celui
qui haïssait les Juifs dans le régime de Vichy, a été
caché pendant près de 50 ans dans des monastères
catholiques-romains en France et n'a été découvert
que dans les années 1990 n'est pas non plus à l'honneur
du Vatican.
Malheureusement,
la violence et l'oppression du Vatican ont continué jusqu'à
nos jours, avec l'oppression des Orthodoxes par les Catholiques-Romains
en Pologne, Slovaquie, Ukraine, Croatie (de nouveau) et à présent
au Kosovo. Alors pour un pape de Rome, se plaindre à propos de
la violence dans une religion, ce n'est rien d'autre que de l'hypocrisie.
En effet, ce n'est pas plus «rationnel» que la logique des
djihadistes Musulmans. Quoique par égard à la personne du
pape, il doit être dit qu'il est seulement l'otage ou le captif
de l'Institution et du «rationalisme» occidental, qu'il représente.
Et il est inutile pour le monde Protestant de se moquer. Le Catholicisme
Institutionnel a semé ses crimes d'Amérique Latine jusqu'en
Indochine, mais le Protestantisme a aussi ses crimes. Ainsi, au 19ème
siècle, les gouvernements et les intérêts commerciaux
Britanniques ont fondé un Empire mondial, sous le prétexte
d'apporter l'Evangile aux «indigènes». Cet Empire a
exploité, appauvri et aigri ses peuples soumis dans le monde entier.
Il n'y a à peu près qu'en Afrique que des «indigènes»
ont reçu l'Evangile, la seule justification possible pour cet Empire.
Même ici, cependant, les Africains doivent encore de nos jours séparer
l'Evangile de ses apparats culturels occidentaux. Au 20ème siècle,
l'Empire Britannique s'est effondré, pour se retrouver remplacé
par un autre Empire Protestant, l'Américain. Ici aussi, la justification
a été une mission «civilisatrice», utilisant
ironiquement les mots «libertés» et «démocratie»
pour justifier l'oppression. En réalité, la «démocratie»
existe à peine dans les États occidentaux, avec leurs gouvernements
minoritaires, qui agissent sans tenir compte des vues de leurs peuples.
Culturellement, même la démocratie occidentale symbolique
ne s'exporte pas sans la mentalité Protestante individualiste.
(Ceci explique pourquoi les pays les plus démocratiques au monde
sont la Scandinavie et la Suisse, parce qu'ils sont les pays les plus
«purement» Protestants par tradition culturelle). Il est notoire
que la moitié des missionnaires Chrétiens du monde, qui
aujourd'hui sont Américains, voient aussi leurs succès limités
aux pays qui ont subi une américanisation durant les 50 dernières
années – Amérique Latine, Corée du Sud, Philippines,
etc.. Leur «Evangile» aussi fait toujours partie d'une culture
occidentale compromise et profondément séculière.
Les actuels «Croisés» à mentalité Protestante
présents en Irak et Afghanistan devraient maintenant avoir compris
que la meilleure manière de créer une insurrection c'était
d'envahir le pays d'autrui. Les Allemands ont compris cela après
avoir envahi la France en 1940. Comme sortie de nulle part, la Résistance
Française s'est formée. Pour les Alliés, les agents
de la Résistance Française étaient des soldats de
la liberté et des héros; pour les envahisseurs Nazis, c'étaient
ce que les gouvernements occidentaux d'aujourd'hui appellent des «terroristes
insurgés». Envahissez le pays de quelqu'un d'autre, et vos
amis d'hier deviendront bien vite vos ennemis. Ce n'est pas difficile.
Ne pourrions-nous pas apprendre les leçons de l'Histoire? Le fait
est que le Catholicisme-Romain Institutionnel, "le Vatican",
charrie près de 1.000 ans de crimes sur ses épaules. Cependant,
si les éléments politiques devaient être retirés
de la croyance Catholique, la Religion Institutionnelle retirée
de la Foi, le Romain retiré du Catholicisme, nous aurions une vue
très différente. Le Catholicisme sans idéologie,
sans Papisme, sans le Vatican, sans l'oppression, nous semble un concept
respectable. C'est en fait ce en quoi croient la plupart des Catholiques-Romains
actuels. Mais ce ne serait plus du tout le Catholicisme – mais quelque
chose d'autre – semblable au Christianisme. Le Catholicisme-Romain
en tant qu'Institution, et ses enfants Protestants étatiquement
manipulés, forment moins une civilisation qu'une sécularisation.
Allié avec ce monde, le Christianisme Occidental Institutionnel
est par nature séculier. Le fait est que l'Islam Institutionnel
charrie lui aussi près de mille ans de crimes sur ses épaules.
Cependant, si les éléments politiques étaient retirés
de la croyance Musulmane, la Religion Institutionnelle retirée
de la Foi, le djihad retiré de l'Islam, nous aurions une vue fort
différente. L'Islam sans idéologie, sans «Islamisme»,
sans fanatisme, sans oppression, nous semble un concept respectable. C'est
en fait ce en quoi la plupart des Musulmans ordinaires croient. Mais ça
ne serait plus l'Islam – mais quelque chose d'autre – semblable
au Christianisme. L'Islam en tant qu'Institution, avec ses enfants Chiites
étatiquement manipulés, ne forme pas tant une civilisation
qu'une sécularisation. Allié avec ce monde, l'Islam Institutionnel
est par nature séculier. Au cours des récentes années,
en particulier depuis le 11 septembre 2001, on a beaucoup parlé
d'un «Choc des Civilisations» au sujet du soit-disant monde
«Chrétien» (en fait, l'Occident sécularisé)
et du monde Islamique. Cependant, les véritables civilisations
ne s'affrontent pas, elles coopèrent. Le conflit Islam-Occident
actuel n'est pas un choc des civilisations, mais un choc entre 2 systèmes
séculiers différents, qui s'intéressent au pouvoir,
aux territoires, et aux ressources (en particulier le pétrole,
mais aussi de manière sans cesse croissante pour l'eau potable).
Et les démons qui vivent dans les maisons vides de ces civilisations
séculières ne seront pas exorcisés par la politique,
le militaire, l'économique ou quelque religion institutionnalisée,
quelle qu'elle soit, mais par le spirituel. Toute tentative d'organiser
le monde sans la vision spirituelle est vouée à l'échec,
parce qu'elle ignore la nature et la destinée fondamentalement
spirituelle de l'humanité. Il n'y a que lorsque les gens commenceront
à parler du spirituel, non-mêlé avec le rebut du reste,
qu'on commencera à voir la paix et l'harmonie dans ce monde désolant
et enténébré, qui, insouciant, s'en va à pleine
vitesse vers sa fin.
Prêtre
Andrew Phillips
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